Les milles et une vies de Billy Milligan – Daniel Keyes

Quand la police de l’Ohio arrête l’auteur présumé de trois, voire quatre viols de jeunes femmes,
elle pense que l’affaire est entendue : les victimes reconnaissent formellement le coupable, et celui-ci possède chez lui la totalité de ce qui leur a été volé. Pourtant, ce dernier nie farouchement. Son étrange comportement amène ses avocats commis d’office à demander une expertise psychiatrique. Et c’est ainsi que tout commence…
On découvre que William Stanley Milligan possède ce que l’on appelle une personnalité multiple, une affection psychologique très rare. Il est tour à tour Arthur, un Londonien raffiné, cultivé, plutôt méprisant, Ragen, un Yougoslave brutal d’une force prodigieuse, expert en armes à feu, et bien d’autres. En tout, vingt-quatre personnalités d’âge, de caractère et même de sexe différents !

Editions Le Livre de Poche 2011 – 636 pages

Mon avis : Dans ce livre, l’auteur qui s’est entretenu avec Billy et ceux qui se sont occupés de lui, nous dresse un portrait complet de ce jeune homme aux multiples personnalités. On apprend qu’enfant, il a subit des sévices venant de son beau-père auxquels il ne sait jamais remis et de là a engendré ses problèmes de dissociation psychologique afin de supporter son traumatisme psychique. Ainsi, Billy s’efface et laisse le contrôle de son cerveau à d’autres personnalités suivant les situations dans lesquelles il se trouve. On ressent au fil des pages ses incompréhensions quand il passe d’une personnalité à l’autre et lorsqu’il rencontre le docteur Caul qui arrive un temps soit peu à « le soigner », on arrive à percevoir le « vrai Billy » qui a peur, qui est déprimé et qui est loin de vouloir faire du mal à qui que ce soit.
Ce qui m’a beaucoup surpris et fait de la peine aussi ce sont les journalistes, le gouvernement et le juge qui suivent l’affaire de Billy Milligan et qui veulent qu’il soit placé à Lima un hôpital-prison comme ils disent et non plus, dans un établissement psychiatrique avec le docteur Caul où il faisait des progrès. Alors qu’à Lima, les médecins n’ont aucune connaissance du mal dont souffre Billy ainsi il recevra de mauvais traitements et donc au lieu de progresser dans sa « guérison », il va régresser et Billy va s’effacer de nouveau.
« Les milles et une vies de Billy Milligan » est un livre incroyable, qui m’a bouleversé tant j’ai eu de la peine pour ce personnage et j’ai ressenti une certaine haine pour le juge qui na jamais voulu prendre en compte son état mental.
Pour conclure, j’ai dévoré ce livre qui est prenant et intéressant, bref c’est un énorme coup de cœur d’autant plus que c’est une histoire vraie. Il va donc falloir que je me procure la suite qui s’intitule : « Les milles et unes guerres de Billy Milligan ».

« Pour expliquer à Milligan qu’on ne l’appellera plus que par le nom de Billy en dehors des séances de psychothérapie, le docteur George lui fait remarquer que les autres malades risqueraient d’être perturbés s’il en allait autrement.
– Mais certains se font bien appeler Napoléon ou Jésus-Christ, objecte Allen.
– Ce n’est pas la même chose que de nous entendre, le personnel soignant et moi, vous appeler un jour Danny et un autre jour Arthur, Ragen ou Tommy ou Allen. Je propose que vis-à-vis du personnel et des autres malades, toutes vos personnalités répondent au nom de Billy.
– Ce ne sont pas des « personnalités », docteur, mais de gens.
– Quelles différences faites-vous entre les deux ?
– En les appelant des personnalités, vous faites comme si elles n’existaient pas réellement. »

« Les gens qui possèdent une personnalité multiple ont généralement quelqu’un, à l’intérieur d’eux-mêmes, qui connaît tous les autres et essaie de les aider. C’est ce que nous appelons un « soutien interne ».

« J’ai toujours pensé que l’on n’écoute pas assez les vieux, dont la sagesse et l’expérience nous seraient pourtant bien utiles. »

« Par moments je ne sais pas qui je suis ou que je suis. Et il m’arrive même de ne pas reconnaître ceux qui m’entourent. L’écho de leurs voix résonne encore dans mon esprit, mais elles sont dépourvues de toute signification. Plusieurs visages m’apparaissent, comme s’ils surgissaient de l’obscurité, mais je suis terrifié parce que mon esprit demeure totalement divisé. »